Le Coup d’État de 1966 au Nigéria: Un Moment Décisif dans l'Histoire du Pays

Le Coup d’État de 1966 au Nigéria: Un Moment Décisif dans l'Histoire du Pays

Le Nigéria, nation vibrante et multiculturelle d’Afrique de l’Ouest, a connu une histoire tumultueuse ponctuée de coups d’État, de guerres civiles et de luttes pour le pouvoir. Parmi ces événements marquants, le coup d’État de janvier 1966 occupe une place particulière dans la mémoire collective du pays. Orchestré par un groupe d’officiers de l’armée dirigés par Major Chukwuma Kaduna Nzeogwu, ce putsch a déclenché une série de conséquences politiques et sociales qui ont façonné le destin du Nigéria pour les décennies à venir.

Pour comprendre la complexité de ce coup d’État, il est crucial de replacer l’événement dans son contexte historique. En 1966, le Nigéria était encore un jeune pays, fraîchement sorti de la tutelle britannique en 1960. Les tensions ethniques et régionales étaient vives, alimentées par une inégalité économique et sociale flagrante entre les différentes régions du pays.

Le Nord du pays, majoritairement musulman, était dominé par les Haoussas et les Fulani, tandis que le Sud, principalement chrétien, abritait les Igbo, les Yoruba et d’autres groupes ethniques. La lutte pour le pouvoir s’est engagée dès l’indépendance, avec des régions aspirant à une plus grande autonomie ou à une répartition plus équitable des ressources.

C’est dans ce contexte explosif que Major Nzeogwu, un officier Igbo passionné par les idéaux de justice sociale, a décidé d’agir. Il croyait fermement qu’une intervention militaire était nécessaire pour mettre fin à la corruption endémique et aux inégalités qui rongeaient le pays.

Le 15 janvier 1966, Nzeogwu et ses complices ont lancé leur offensive contre le gouvernement civil dirigé par Sir Abubakar Tafawa Balewa, premier ministre du Nigéria. Ils ont arrêté des personnalités politiques influentes, dont le Premier Ministre et plusieurs membres de son cabinet, ainsi que des chefs militaires.

L’objectif initial du coup d’État était de renverser le régime existant et d’instaurer un gouvernement militaire intérimaire chargé de mettre en œuvre des réformes profondes.

Cependant, la situation a rapidement dégénéré. L’exécution de certains dirigeants politiques, notamment le Premier Ministre Balewa, a provoqué une profonde indignation dans certaines régions du pays. Les réactions ont été vives et divergentes selon les ethnies: tandis que les Igbo du Sud célébraient ce qu’ils percevaient comme un acte de justice sociale, la majorité musulmane du Nord ressentait une forte animosité envers les responsables du coup d’État.

Cette fracture ethnique a contribué à alimenter les tensions déjà présentes au sein du pays et a ouvert la porte à une période de violence sans précédent. Des pogroms violents ont ciblé les Igbo vivant dans le Nord, faisant des milliers de victimes et forçant de nombreux habitants à fuir vers le Sud.

En juillet 1966, un contre-coup d’État dirigé par des officiers musulmans a renversé le régime militaire mis en place par Nzeogwu. Le Général Yakubu Gowon, un officier chrétien du Nord, est devenu chef d’État, promettant de rétablir l’ordre et la stabilité.

Malgré ces promesses, le climat politique restait extrêmement tendu. L’assassinat de nombreux dirigeants Igbo pendant le coup initial avait laissé des blessures profondes dans la communauté Igbo. La violence dirigée contre les Igbo du Nord a créé un sentiment de peur et d’insécurité parmi cette population. Ces tensions ethniques non résolues allaient finalement conduire à une guerre civile sanglante qui durerait trois ans (1967-1970).

Le coup d’État de 1966 au Nigéria, orchestré par le Major Chukwuma Kaduna Nzeogwu, a eu des conséquences profondes et durables sur le pays. Il a révélé les faiblesses du jeune État nigérian et les tensions ethniques qui étaient enfouies sous la surface.

Ce bouleversement politique a également mis en lumière l’importance cruciale d’une gouvernance inclusive et équitable pour maintenir la cohésion sociale dans un contexte multiethnique complexe comme celui du Nigéria.

L’histoire du coup d’État de 1966 reste une leçon importante pour le Nigéria et pour tous les pays confrontés à des divisions ethniques. Elle souligne l’importance du dialogue, de la réconciliation et de la construction d’institutions solides pour prévenir les conflits futurs.